Histoire et récits traditionnels

« Maintenant, il est légalisé et il y a un changement énorme dans les attitudes envers le cannabis et heureusement, nous avons des modèles de soins de réduction des préjudices. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais il y a une énorme renaissance des gens qui considèrent le cannabis comme une plante guérisseuse. »

« Le cannabis nous a été donné par le Créateur, donc c’est la même chose que d’autres plantes médicinales. Si nous reconnaissons son caractère sacré et le traitons comme tel, il n’y a alors aucun problème. Comme pour le tabac, si nous utilisons ces médicaments, ces plantes, de la manière prévue, qui est de nous guérir, de nous aider à être liées au caractère sacré, à être ancrées à la terre, alors il n’y a rien de mal. »

1. Pouvez-vous me parler du cannabis dans votre communauté? Pensez-vous que beaucoup de personnes en consomment et selon vous, quelle a été l’incidence de cette consommation?

J’ai constaté que le cannabis aide beaucoup de gens à réduire leur consommation d’opioïdes en plus d’aider les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, car il réduit d’autres symptômes. Certaines personnes affirment également que cette substance les aide à gérer leur dépression. Pour moi, ça m’a aidé avec mon anxiété et à mieux dormir. Donc, je suis heureuse que nous l’ayons décriminalisé, mais nous sommes encore réglementés par le gouvernement. Nous devons nous méfier de ceux qui veulent contrôler le système et répéter les modèles coloniaux.

2. Quand avez-vous appris les bienfaits du cannabis pour la première fois? Comment était-ce considéré lorsque vous étiez jeune? Était-ce de manière négative? Était-ce de manière positive?

J’ai toujours été entourée par la consommation de cannabis. Je me souviens d’avoir travaillé au marché de fruits et légumes à Ottawa et certains agriculteurs cultivaient et vendaient des plants de cannabis. À l’âge de quinze ans, je consommais quotidiennement du cannabis, ainsi que des drogues plus dures qui faisaient partie de mon mode de vie à ce moment. À l’époque, la consommation de cannabis était perçue très négativement et il n’y avait qu’une seule approche ou un seul modèle à l’égard de la consommation de substances : l’abstinence et l’interdiction, qui étaient motivées par ce sens de la moralité ou du bien et du mal. Cependant, nous savons que le modèle de l’interdiction n’a jamais fonctionné. Il n’a pas fonctionné pendant les années de la dépression et il ne fonctionnait pas lorsque j’étais plus jeune. Nous devons donc l’aborder différemment.

3. Les attitudes à l’égard du cannabis dans votre collectivité ont-elles changé depuis que vous étiez jeune? Était-ce un changement rapide (quelques années) ou est-ce que les changements d’attitude ont pris plus de temps?

Vers l’âge de 30 ans, je voulais commencer à changer mon mode de vie. J’ai commencé à nettoyer mon esprit, à me reconnecter avec mon esprit et à revenir à l’histoire de ma famille. Alors que je commençais à utiliser moins de substances, j’ai eu du mal avec le modèle d’abstinence approuvé par certains Aînés. Quand je me suis davantage intégrée aux cérémonies, connectée à l’art et que je me suis concentrée sur mon bien-être mental, j’ai continué à lire, à apprendre davantage et à décoloniser ma pensée concernant les plants de cannabis. Maintenant, il est légalisé et il y a un changement énorme dans les attitudes envers le cannabis et heureusement, nous avons des modèles de soins visant à réduire les préjudices. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais il y a une énorme renaissance des gens qui considèrent le cannabis comme étant une plante guérisseuse.

4. Pensez-vous que le cannabis fait partie de la culture métisse? Y a-t-il des enseignements qui peuvent être appliqués à la consommation de cannabis?

Le cannabis nous a été donné par le Créateur, donc c’est la même chose que d’autres plantes médicinales. Si nous reconnaissons son caractère sacré et le traitons comme tel, il n’y a alors aucun problème. Comme pour le tabac, si nous utilisons ces médicaments, ces plantes, de la manière prévue, qui est de nous guérir, de nous aider à être liés au caractère sacré, à être ancrés à la terre, alors il n’y a rien de mal. Il n’y a pas de mal puisque nous le respectons, mais si nous l’utilisons de manière abusive, d’une manière qui me cause des préjudices, qui en cause à mon voisin, à la société, alors c’est une autre histoire. Donc, pour moi, cela se rapporte toujours à la cérémonie et à la guérison physique, émotionnelle et spirituelle.

5. Savez-vous comment le cannabis a été introduit pour la première fois dans votre communauté ou dans l’ensemble de l’Île de la Tortue ou de l’Amérique du Nord?

J’ai appris que la plante de cannabis est l’une des plus anciennes au monde. Elle est âgée de milliards d’années, mais il n’y a que des traces de son utilisation pendant environ 12 000 ans. J’ai lu qu’elle venait de Chine et l’une des façons dont elle était utilisée consistait à créer une boisson avec les feuilles qui soulagerait la douleur et la souffrance. Dans certaines parties de l’Afrique, les gens ont broyé les graines et les ont jetées sur des roches chaudes aux fins de purification. Il y avait toutes ces utilisations différentes de la même plante : médicinale, rituelle et récréative, mais principalement comme médicament spirituel parce qu’on croyait qu’elle était magique. Nous devons reconnaître que les plantes ont des esprits et qu’elles sont des entités vivantes de la Terre mère qui doivent être respectées et protégées.

6. Avez-vous des conseils pour un jeune qui a commencé à consommer du cannabis?

La chose la plus importante est d’aborder le sujet sans jugement, parce que je me suis retrouvée dans cette situation, vous savez? Si notre rôle en tant que gardiens de la sagesse, chefs de cérémonie et Aînés est de veiller à ce que ces enseignements soient transmis, alors nous devons le faire d’une manière compatissante, aimante et bienveillante. Je préférerais être connue comme étant une Aînée militant pour la réduction des préjudices plutôt que comme une Aînée stricte, avec laquelle les gens craignent de venir s’asseoir et discuter de tout ce qui se passe. Je pense qu’il va falloir environ une génération entière pour éliminer complètement la stigmatisation et comprendre qu’il s’agit de médicaments. De plus, si vous voulez l’utiliser à des fins récréatives, alors assurez-vous vraiment de ne pas vous faire de mal, ou d’en faire aux autres, quand vous en consommer. Telle est ma recommandation.